Lundi 16 mars 2020, 14h47 : nous arrivons enfin là où tout prend son sens.
Pourtant, pourtant la journée s’annonçait être de celles qui ravissent les cœurs et passionnent les regards. C’est un millier d’oiseaux, d’insectes et bêtes en tout genre qui nous ont tirés hors de notre sommeil. Le café était excellent, la journée sera belle.
Pourtant, pourtant c’était sans compter la folie des hommes. Toute la matinée, nous avons roulé dans une nature d’une richesse sans pareille, à travers cette végétation luxuriante, celle que l’on trouve juste au-dessus de l’équateur. Contournant les lacs, gravissant des collines, nous rions lors de nos pauses cigarettes du vacarme que fait la faune autour de nous. Ces criquets sont vraiment des grands malades. Nous avançons en direction de la forêt tropicale de Taman Negara, l’une des plus vieilles au monde avec ses 130 millions d’années au compteur. Début d’après-midi. Nous approchons de l’entrée du parc naturel. Nous bifurquons sur une petite route de campagne et nous engageons ensuite sur un sentier agricole.
Et puis, plus rien.
Plus rien, ça veut dire plus de cette végétation folle. Le néant. Une apocalypse anthropique. Plus d’animaux. Plus de criquets qui s’égosillent. Sur des dizaines de kilomètres, la nature a été détruite. Le paysage n’a plus rien du paradis tropical de ce matin, il n’y a plus que de tristes collines dénudées et des arbres morts. En grimpant en haut de l’une de ces collines, on peut apercevoir, au loin, des plantations de palmes à perte de vue. Cette vision est terrifiante. Il n’y plus de limite aux exactions humaines. Un espoir, un maigre espoir se dessine loin derrière ces terres désolées. En refuge du monde, en arche de Noé moderne, la réserve naturelle de Taman Negara se dresse en dernier bastion de la biodiversité.
S’il y a bien une chose à retenir de ce projet, c’est que partout dans le monde, il y a de l’espoir. Partout dans le monde, il y a des hommes et des femmes qui se battent pour protéger ce qu’il reste des beautés de ce monde. Il y a de l’espoir et il y en aura toujours, tant que les hommes, depuis leur canapé ou au fin fond de la jungle, auront cette étincelle dans les yeux en voyant la beauté du monde et la richesse d’une nature qui nous dépasse en tous points. La nature, hommes ou non, saura toujours survivre.
Là est le défi à relever, il n’est pas question de la protéger mais de vivre en harmonie avec elle. La Terre n’est point ressource, elle est habitat. Notre habitat. Nous ne nous battons pas pour la nature, nous sommes la nature qui se défend.
Luttons ensemble mais surtout gardons cet espoir qui fait la force de la raison humaine.
Merci à tous !